Quelle prescription pour des travaux illégaux ?

Travaux illégaux : quels délais de prescription et quels risques ?

Lorsqu’on entreprend des travaux sans respecter les règles d’urbanisme, on s’expose à des sanctions. Toutefois, ces infractions ne sont pas imprescriptibles : il existe des délais au-delà desquels les poursuites ne sont plus possibles. Ces délais varient selon la nature des sanctions encourues : pénales, civiles ou administratives. Comprendre ces différentes prescriptions est essentiel pour anticiper les conséquences d’une construction illégale.

Prescription travaux illégaux

La prescription pénale : 6 ans pour les infractions aux règles d’urbanisme

Le délai de prescription pénale correspond à la période pendant laquelle une personne peut être poursuivie devant le tribunal correctionnel en cas d’infraction aux règles d’urbanisme. Selon l’article L.480-4 du Code de l’urbanisme, ce délai est de 6 ans à compter de l’achèvement des travaux.

Pendant cette période, la mairie ou le parquet peuvent engager des poursuites et infliger des sanctions. Celles-ci peuvent inclure :

  • Une amende comprise entre 1 200 € et 300 000 €, selon la gravité de l’infraction.

  • En cas de récidive, une peine d’emprisonnement de 6 mois peut être prononcée.

Au-delà de 6 ans, aucune action pénale ne peut plus être intentée, même si l’infraction est avérée.

 

 

Les différentes  prescriptions en matière civile

En plus des sanctions pénales, des recours civils peuvent être engagés par la mairie ou des tiers (voisins, syndicats de copropriété, associations) pour demander la démolition d’une construction illégale ou sa mise en conformité.

La prescription civile décennale de la mairie

La mairie dispose d’un délai de 10 ans à compter de l’achèvement des travaux pour intenter une action civile visant à faire détruire ou modifier un ouvrage non conforme aux règles d’urbanisme. Passé ce délai, elle ne peut plus engager de recours.

La prescription quinquennale pour les tiers

Les tiers disposent d’un délai de 5 ans à compter de la date à laquelle ils ont eu connaissance des travaux litigieux pour intenter une action. Ce recours peut être fondé sur plusieurs motifs, tels que :

  • L’empiètement sur un terrain privé.

  • La violation d’une servitude (exemple : droit de passage).

  • Le non-respect du cahier des charges d’un lotissement.

  • Un trouble anormal de voisinage (perte d’ensoleillement, vis-à-vis excessif).

Les sanctions peuvent inclure une obligation de mise en conformité ou des dommages et intérêts au profit du plaignant.

 

La prescription administrative : une construction illégale peut-elle être régularisée ?

Le délai de prescription administrative concerne les possibilités de régularisation ou de refus d’autorisations futures par la mairie. Il diffère selon la nature de l’infraction.

Travaux réalisés sur un bâtiment irrégulier : 10 ans

Si des travaux ont été effectués sur une construction déjà irrégulière, la mairie peut refuser toute demande d’autorisation d’urbanisme pendant 10 ans. Passé ce délai, elle ne peut plus s’opposer à de nouveaux travaux sous prétexte de l’irrégularité initiale.

Construction sans permis de construire : imprescriptibilité

Si un bâtiment a été édifié sans permis alors qu’il était obligatoire, il est considéré comme irrégulier de manière permanente. Aucun délai ne permet d’éteindre cette irrégularité. Pour réaliser de nouveaux travaux sur un tel bâtiment, il faut demander une autorisation incluant la régularisation de l’existant. Celle-ci sera accordée uniquement si la construction respecte les règles d’urbanisme en vigueur.

Cas particuliers : constructions anciennes

Dans certains cas, si aucune action pénale ou civile n’est plus possible, l’administration peut autoriser des travaux limités pour préserver la construction. Par exemple, la consolidation d’un mur menaçant de s’effondrer pourra être tolérée même si la bâtisse est irrégulière.

 

La taxe foncière, une obligation malgré l’irrégularité

Malgré une absence de conformité aux règles d’urbanisme, une construction illégale reste soumise à la taxe foncière. L’administration fiscale considère que toute bâtisse édifiée, même sans permis, constitue un bien imposable.

 

Anticiper les risques pour éviter les complications

Il est primordial de respecter les règles d’urbanisme avant d’entreprendre des travaux afin d’éviter d’être confronté à des sanctions, des recours juridiques ou une impossibilité de régularisation. En cas de doute, mieux vaut consulter un professionnel du droit immobilier ou un urbaniste afin de s’assurer de la conformité de son projet.

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