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Erreur de surface habitable : droits du locataire et obligations du bailleur
La surface habitable n’est pas une simple ligne dans le bail : c’est un engagement chiffré qui impacte directement le montant du loyer, l’équilibre du contrat et la qualité de la relation locative.
Lorsque la surface réelle est inférieure de plus de 5% à celle mentionnée, le locataire peut obtenir une baisse proportionnelle du loyer.
Au-delà de ce mécanisme, les obligations du bailleur de délivrer un logement conforme et assurer la jouissance paisible durent pendant toute la vie du bail. Autrement dit, un manquement qui persiste (par exemple une surface surévaluée qui n’est jamais corrigée) peut être invoqué tant que le contrat court.
À titre d’illustration, un arrêt de la Cour de cassation du 10 juillet 2025 a rappelé ce principe d’obligations continues : la prescription ne « gomme » pas un problème qui dure, tant que le bail est en cours. Ce n’est pas un détail juridique : c’est un mode d’emploi de la conformité sur la durée.

Baisse de loyer en cas d’erreur de surface
Le cœur du dispositif est simple : si l’écart entre la surface indiquée au bail et la surface habitable réelle est supérieur à 5 %, la baisse de loyer est proportionnelle.
Deux conséquences pratiques pour les bailleurs :
La proportionnalité s’applique au loyer hors charges : un écart de 8 % de surface entraîne une baisse de 8 % du loyer.
Le débat porte exclusivement sur la surface habitable telle que définie par les textes et non sur une surface au sol ou une surface de type loi Carrez
Ce mécanisme n’est ni punitif, ni discutable à l’infini : il vise à réaligner le loyer sur la surface réellement livrée. C’est la raison pour laquelle la preuve de la surface (et de la méthode de calcul) est un enjeu central de la défense du bailleur.
Comment calculer la surface habitable ?
La surface habitable correspond à la surface de plancher construite après déduction de tout ce qui n’est pas véritablement « habitable » : murs, cloisons, marches et cages d’escaliers, gaines, embrasures de portes et fenêtres, ainsi que les parties dont la hauteur sous plafond est inférieure à 1,80 m.
Ne sont pas inclus :
👉 combles non aménagés,
👉 caves et sous-sols,
👉 remises,
👉 garages,
👉 terrasses,
👉 loggias, balcons,
👉 vérandas, locaux communs.
Cette définition évite les erreurs fréquentes : compter un balcon ou une cave dans l’habitable, confondre surface habitable et Carrez (qui s’applique aux ventes), ou mélanger habitable et surface de plancher (règles d’urbanisme). Pour un bail, c’est l’habitable qui s’impose.
Procédure de contestation en cas de différence de surface
Pour obtenir une baisse de loyer liée à une erreur de surface, la loi prévoit un parcours simple mais très encadré. Le respecter évite des aller-retour inutiles et des contentieux coûteux.
Etape 1 : la contestation du locataire dans les 2 mois
Tout commence par une demande écrite du locataire. Dès qu’elle est reçue, le bailleur dispose de deux mois pour répondre par écrit. Dans ce délai, les parties peuvent trouver un accord amiable : ajustement du loyer et, si nécessaire, régularisation des sommes déjà versées. Plus la réponse est claire et documentée (méthode de mesure, rapport, calcul), plus la suite est simple.
Etape 2 : la saisine du juge en cas de désaccord dans les 4 mois
Si aucun accord n’est trouvé, le locataire doit saisir le juge dans les quatre mois qui suivent sa demande initiale.
Ce délai est une forclusion : passé ce cap, l’action devient irrecevable. Concrètement, on ne peut pas “gagner du temps” pour prolonger ce délai ; il ne s’interrompt ni ne se suspend facilement. D’où l’intérêt, pour le bailleur, de traiter la demande sérieusement dès le départ.
Etape 3 : date d’effet de la baisse de loyer dans les 6 mois
La date de la demande du locataire par rapport à la prise d’effet du bail détermine quand la baisse s’applique.
- Si la demande intervient dans les six premiers mois du bail, la baisse est rétroactive à la signature.
- Si la demande est postérieure à six mois, la baisse ne s’applique qu’à compter de la demande, sans rétroactivité. Dans tous les cas, l’ajustement se formalise par un avenant au bail pour sécuriser les parties.
Tableau récapitulatif des « 2 / 4 / 6 »
Étape | Délai | Effet |
---|---|---|
Réponse du bailleur | 2 mois | Accord possible et formalisé par avenant |
Saisine du juge par le locataire | 4 mois | Forclusion au-delà (irrecevable) |
Point de départ de la baisse | 6 mois | ≤ 6 mois : rétroactif / > 6 mois : à la demande |
Pas de délai pour agir pour le locataire
Le bailleur doit remettre un logement conforme à ce qui a été convenu : destination, équipements essentiels, et… surface telle qu’annoncée. Une surface surévaluée de manière substantielle peut être analysée comme un défaut de délivrance si elle affecte l’équilibre contractuel.
Le bailleur garantit au locataire un usage normal du logement, sans troubles imputables au bailleur. Si la non-conformité de surface altère l’usage (ex. pièces trop petites pour la destination convenue), elle peut s’articuler avec cette obligation.
Ces obligations ne s’éteignent pas avec le temps : elles courent tant que le bail est en vie.
C’est ce que rappelle la Cour de cassation dans son arrêt de la 3ème chambre civile du 10 juillet 2025, pourvoi n° 23.20-491.
Dans cette affaire, une locataire avait découvert que la surface de son logement ne correspondait pas à celle promise. Elle a demandé la résiliation du bail… mais les juges ont d’abord rejeté son action, en estimant qu’elle était prescrite car elle connaissait le problème depuis plus de 5 ans. La Haute Juridiction rappel un principe fondamental : les obligations du bailleur (délivrer le bien loué et en assurer la jouissance paisible) sont continues et l’imposent pendant toute la durée du bail.
Tant que le bail est en cours, un locataire peut invoquer le manquement, même au-delà de cinq ans après sa découverte.
⚖️ Une décision protectrice pour les locataires, mais aussi un rappel fort aux bailleurs : leurs obligations ne s’effacent pas avec le temps.
Erreur de surface : que faire pas à pas (guide bailleur)
Étape 1 — Vérifier la bonne mesure
Faites réaliser un mesurage Boutin de la surface habitable par un professionnel. Demandez un rapport détaillé et, si possible, un plan coté. En cas de contestation, cette preuve technique vaut de l’or.
Étape 2 — Répondre sous 2 mois, par écrit
Accusez réception et répondez dans le délai. Expliquez la méthode de calcul, proposez une expertise contradictoire si les mesures divergent. Un accord amiable bien documenté coûte moins cher qu’un contentieux et sécurise la relation.
Étape 3 — Appliquer la baisse si l’écart > 5 %
Formalisez un avenant au bail avec le nouveau loyer. Prévoyez la régularisation selon la règle des 6 mois (rétroactivité ou non selon la date de la demande). Communiquez un calcul clair au locataire (m² au bail, m² réels, pourcentage d’écart, loyer recalculé).
Étape 4 — Gérer le désaccord sans improviser
Conservez toutes les pièces (demandes, réponses, rapports, photos). Sachez que le locataire dispose d’un délai de 4 mois pour saisir le juge après sa demande. Ce point peut clore un dossier tardif, mais ne doit pas devenir la seule stratégie si l’écart est avéré : mieux vaut corriger et sortir par le haut.
Étape 5 — Prévenir plutôt que guérir
Avant chaque relocation, faites un audit flash : vérification de la surface habitable, mise à jour des diagnostics, contrôle des critères de décence (surface minimale, hauteur sous plafond, volume), et cohérence entre le texte du bail et la réalité du logement.